Jeux vidéos et médiations thérapeutiques
Masterclass du labOo - Yann Leroux
Yann Leroux est docteur en psychologie, installé près de Bordeaux en indépendant.
Voir son ouvrage avec Guillaume Gillet.
Yann Leroux cite le travail de Gabriel Esther et de Mickaël Stora sur les jeux vidéos. (Un article de presse et un MOOC libre en liens)
Pourquoi les jeux vidéos en thérapie ?
- Il n’y a plus de débat sur les liens supposés entre les eux vidéos et l’augmentation de la violence. Les études ont prouvé qu’il n’y a pas de lien.
- Il y a encore du débat sur l’addiction. Tout le monde s’accorde pour reconnaitre la motivation intrinsèque très forte, l’engagement important que créent les jeux vidéos
Richard Bartle a proposé une typologie des joueurs en 1996 mais qui tient toujours. Voir ici
C’est justement parce que les jeux vidéos sont des objets très engageants qu’ils nous intéressent en psychothérapie. La simulation sensorielle qu’ils offrent, le fait de se couper rapidement du quotidien.
Yann Leroux travaille avec des enfants et des adolescents (10-18ans). Il constate l’effet excitant des jeux et l’intérêt pour les enfants inhibés.
C’est important de bien prévoir son cadre, surtout s’il est logé dans une institution : rédiger un projet thérapeutique qui justifie l’utilisation des jeux vidéos, réfléchir à la salle, l’éclairage, le matériel, l’emplacement, s’il est fermé à clé…
Sur le matériel, le smartphone est intéressant car léger et facile, mais il suppose une grande proximité entre le thérapeute et le joueur. L’ordinateur est intéressant mais compliqué car il impose un bon antivirus, et que le serveur de l’institution accepte le flux avec ces jeux ! Yann Leroux pour ces raisons choisit plutot les consoles. Il utilise surtout les jeux de rôles et d’aventure (lien avec le conte en psychanalyse) mais aussi les jeux de construction, les jeux de bac à sable (créativité).
Que peut on travailler ?
- la compétition, l’agressivité, comment la personne choisit ses rôles, ses armes (par ex le couteau en corps à corps ou l’arme à longue portée) mais aussi son pseudonyme. Il y a des aspects de mythologie culturelle et personnelle qui sont très forts dans certains jeux. La personne préfère t elle jouer seule ou à plusieurs, contre l’ordinateur ou plutôt contre une personne.
- Comment la personne respecte ou non les règles ? Comment gère t elle la frustration, la patience, ses ressources ? (Il y a une différence entre ce qu’elle veut faire et ce qu’elle arrive à faire)
- Quelles narrations construit elle ?
- Quels mécanismes de défense invoque t elle pour restaurer son narcissisme après un échec !?
- Contre indication majeure : épilepsie (même si moins de risque avec les nouveaux écrans)
On peut utiliser les jeux vidéos comme médiation (à des fins de diagnostic par ex) ou comme médiateurs (ordinateur au milieu de la salle et on observe comment l’enfant gère cela).
Liens avec l’art thérapie ?
Nous discutons de l’expérience de labOo où nous explorons l’importance de faire des va-et-vient entre l’expérience numérique et l’expérience plastique, pratique. Carole Schurter témoigne de son travail à l’Eveil, et Yannick Cauleur son expérience de construction d’une manette de jeu… avec de la pâte à modeler !
Yann Leroux témoigne de sa frustration avec la création plastique, et de la facilité avec la création numérique, d’une sorte d’évidence. Je propose d’envisager la possibilité d’une nouvelle modalité, une réflexion qui enthousiasme Yann Leroux et tout le groupe, réflexion qu’il sera magnifique de continuer à explorer !
Merci beaucoup à Yann Leroux pour ces échanges fructueux !
Créer des jeux vidéos comme on gratte sa guitare le week end est possible ! https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/06/18/l-atelier-du-jeu-video-roblox-core-creer-des-jeux-video-amateurs-c-est-comme-gratter-sa-guitare-le-week-end_6084699_4408996.html
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